les autres accords de septième - 1
niveau 5
À cause de leur sonorité riche et agréable, les accords de septième bâtis sur tous les degrés apportent à une harmonisation la diversité que ne donne pas l'usage exclusif des accords à trois sons. Il y a deux approches différentes de ces accords de septième, qui vont donner deux styles différents : le style "classique" qui répond aux règles traditionnelles ou le style "moderne", qui se dégage de ces règles.
Les règles classiques
L'usage classique des accords de septième d'espèces apparait au 18e siècle, chez des compositeurs comme Vivaldi, Corelli ou Haendel. On appelle ces accords "septième d'espèces" car on les classe en différentes espèces selon la nature de la tierce (majeure ou mineure), de la septième (majeure ou mineure) ou de la quinte (juste ou diminuée). Mais ce classement n'a guère d'importance pour l'usage de ces accords. Il faut seulement savoir que tout degré (I, II, III, IV et VI) peut être enrichi de sa septième, à condition que cette note soit préparée et résolue. L'ajout de cette note donne de la plénitude à l'harmonie sans modifier le rapport mutuel entre les degrés.
- On a une préparation si la note formant septième est déjà présente dans l'accord précédent, à la même voix et à la même hauteur, en tant que note harmonique. Toutes les septièmes doivent être préparées, sauf celle du Ve degré (nous l'avons vu, c'est l'accord de septième de dominante), et celle du VIIe degré.
- On a une résolution si cette septième descend par degré conjoint (un ton ou un demi-ton) dans l'accord suivant.
Toutes les septièmes doivent être résolues par une note harmonique.
Tous les degrés peuvent porter ces accords à quatre sons, leur usage le plus fréquent entre dans le cadre des marches harmoniques. Comme pour l'accord du Ve degré, les renversements sont très pratiqués. Dans le mode mineur, l'accord du IIIe degré est souvent remplacé par un accord modulant. On remarque d'ailleurs que le mouvement mélodique descendant est contraint par la résolution : l'emploi du mode mineur mélodique descendant (sans la sensible) est le plus adapté aux accords de septième. Le VIIe degré peut lui aussi porter un tel accord quand il s'intègre dans le cours d'une marche harmonique.
Les chiffrages des renversements sont les suivants, quelque soit le degré :
Si nécessaire, une altération peut être précisée pour éviter une confusion.
Voici un exemple de l'usage de ces accords. La septième est colorée en violet :
Vous noterez que chaque note qui devient une "septième" est présente dans l'accord précédent, à la même voix et même octave.
Vous noterez également que chaque septième procède ensuite par un mouvement obligatoirement conjoint et descendant.
Cet usage traditionnel des accords de septième respecte toujours ces deux obligations. Il peut arriver parfois que par dérogation, la résolution consiste à laisser la septième immobile si elle est note commune avec l'accord suivant.
Si un accord ne peut préparer une septième (pas de note commune), l'usage classique interdira de chercher à placer une telle septième. De même, si la résolution n'est pas possible, l'usage n'admettra pas une telle septième : on devra se contenter de l'accord à trois sons.
Voici un autre exemple exploitant ces accords, avec variante d'écriture :
Mesures 1 à 4 : les septièmes sont colorées en violet et leur résolution en vert.
Mesures 5 à 8, le même schéma harmonique avec une variante de notation montre que le principe de préparation et de résolution est correctement réalisé si les sons nécessaires sont placés aux endroits voulus. Il est donc tout à fait possible d'intercaler des notes harmoniques ou mélodiques si on retrouve les notes "obligées" à leur emplacement légitime.
Autre exemple :
Septièmes en violet, résolutions en vert. Quelques remarques s'imposent :
- une marche harmonique d'accords de septième d'espèces exploite le plus souvent la succession :
V > I > IV > VII > III > VI > II > V ...
- le profil global de la phrase sera descendant. A cause des résolutions, on ne peut pas avoir de formule ascendante.
- comme on parcourt les degrés d'une gamme, les modulations sont exclues : ces accords forment une intéressante alternative aux emprunts d'accords de dominante, qui, eux, font référence aux tons voisins et apportent de nombreuses altérations accidentelles.
Voici d'autres usages traditionnels des accords de septième :
Mesure 1 : le 3e renversement se résoud par une note commune, le Do.
Mesure 3 : le cas plus fréquent de l'usage d'un 3e renversement où la septième descend, grâce au Ve degré.
Mesure 5 : usage du 2e renversement.
Mesures 7 et 8 : marche harmonique avec des accords de 7e tous en 1er renversement.
Soins à prendre dans l'écriture...
En premier lieu, pas de dérogation dans la préparation et la résolution (dans le style classique).
La préparation peut être liée à la septième, mais ce n'est pas obligatoire.
Il faudra veiller à ne pas doubler la note de résolution par mouvement direct à une autre voix, l'effet étant très médiocre.
L'accord à quatre sons peut voir sa quinte supprimée sans que cela nuise à la bonne sonorité. Dans ce cas, doubler la fondamentale ou la tierce, la septième ne se double jamais.
Réalisez une basse chiffrée comportant des accords de septièmes sur tous les degrés.
Corrigé de l'exercice E 1
Corrigé de l'exercice E 2
Comment utiliser les accords de septième dans une harmonisation ?
On peut distinguer deux cas :
1) La septième dans le chant. Comme vous l'avez vu, pour être valable, cette septième sera obligatoirement précédée de sa préparation et suivie de sa résolution. On repèrera donc l'emplacement d'une septième grâce à la répétition d'une même note, suivie du mouvement conjoint descendant. Ne pas oublier, toutefois, que la préparation de la septième peut être rythmiquement liée à la septième : au lieu d'avoir deux noires, on aura une blanche !
On interprètera donc ainsi :
Il ne reste plus qu'à choisir et réaliser convenablement les accords associés à ces septièmes :
Dans certains cas, une mélodie peut présenter un aspect globalement disjoint, à la façon d'arpèges irréguliers. Il faudra soigneusement analyser les rôles respectifs de chacune des notes : la succession "préparation-septième-résolution" va se trouver morcelée et camouflée dans une écriture qui égrène les accords. Voici un exemple :
Le 4e temps de la première mesure semble à première vue impossible à harmoniser avec un accord à trois sons. Toutes les notes étant disjointes, il n'y a ni note de passage ni broderie... Si on constate que les quatre sons constituent un accord de 7e (Do+Mi+Sol+Si), et que la préparation (Si) est bien effectuée dans l'accord précédent, tandis que la résolution de la 7e (La) se présente sur le temps suivant, l'interprétation de cette marche harmonique devient simple :
La septième est colorée en violet, la préparation en vert et la résolution en orange.
2) La septième se place dans une autre voix. Ici, rien n'indique à la première lecture de la mélodie que l'on souhaite harmoniser où se placeront des accords de septième. La méthode la plus sûre sera de choisir les degrés que l'on pense les mieux adaptés, selon la pratique déjà acquise, puis dans un second temps, de se pencher sur la présence éventuelle d'une septième d'espèce. Celle-ci n'est validée que si une préparation correcte ainsi que la résolution sont possibles. Ne pas oublier qu'il y a souvent à choisir entre un accord à quatre sons modulant (l'accord de dominante qui fait emprunt) et un accord à quatre sons inclus dans la tonalité (septième d'espèce). Avec un peu d'habitude et de goût, on parviendra à distinguer l'effet différent produit par ces deux types d'accord.
Prenons pour exemple ce fragment mélodique de trois mesures :
Indiquons les degrés naturels qui vont soutenir l'harmonisation, avec un accord par temps (en 6 / 8, il y a deux temps par mesure) :
Voici la basse, bien solide avec des états fondamentaux. Nous cherchons ensuite si les conditions pour l'ajout d'une septième sont réunies, en examinant les accords un à un :
Le premier degré n'étant pas précédé d'un accord, il ne peut en aucun cas contenir de septième, puisque la préparation n'existerait pas.
La septième du VIe degré serait un Sol. Cette note appartient au Ier degré qui précède, et elle se résoudrait en descendant à un Fa, note également contenue dans le IIe degré qui suit.
On pourra donc ajouter la septième dans ce VIe degré, à condition qu'aucune faute d'écriture ne se produise.
La septième du IIe degré est un Do. Ici également, cette note appartient à l'accord précédent (le VIe degré), de plus, sa résolution est un Si qui s'insère dans l'accord du Ve degré : on pourra ajouter la septième du IIe degré. Voici donc la réalisation complète :
Les septièmes sont colorées en violet, leur résolution en vert.
Peut-on placer la septième à la basse ?..
C'est un cas peu fréquent, mais que l'on trouvera néanmoins avec la succession : I - II - V.
La basse se rédige ainsi, elle présente préparation et résolution :
Mémorisez cette formule. Il est très fréquent dans les devoirs d'examen ou de concours qu'elle soit sollicitée !
Elle permet à l'examinateur de discerner le degré d'apprentissage de l'harmonie scolaire...
Harmonisez de courtes mélodies en intégrant des accords de septième d'espèces.
Corrigé de l'exercice E 3
Corrigé de l'exercice E 4
Ces accords de septièmes peuvent aussi être employés plus librement...
Date de dernière mise à jour : mardi, 28 janvier 2020
Commentaires
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- 1. Costa Le jeudi, 29 novembre 2018
Voilà un cours précis et complet pour l’utilisation d’une septième merci -
- 2. olivier Le mercredi, 11 juillet 2018
enfin, un cours d harmonie précis et qui va jusqu'à la finalité
c est a dire quand pouvoir utiliser les 7eme d espéces -
- 3. ribaud yves Le jeudi, 28 septembre 2017
bonjour,
vous dites que la préparation n'est pas obligatoirement liée à la 7 ième. Je suppose que la résolution est liée à la même note à la même voix?-
- Olivier MIQUELLe vendredi, 10 novembre 2017
"Liée" = la même note avec une liaison rythmique
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