règles harmoniques 1

niveau 1

La notation des exemples et des exercices va être disposée dans tous les prochains chapitres sur deux portées, comme pour une partition pour piano. Autrefois, on préférait prendre quatre portées, comme pour un choeur à quatre voix. La terminologie toujours utilisée fait d'ailleurs référence à cette disposition :
Que l'on ait deux portées (clé de sol et clé de fa) ou bien quatre, on trouvera tout au-dessus la voix de soprano, souvent désignée comme ayant "le chant", tout en bas la voix de basse qui soutient l'édifice, et entre les deux nous trouvons l'alto et le ténor qui complètent les notes des accords.

On utilisera indifféremment le terme de voix ou de partie pour désigner une ligne mélodique lue dans la polyphonie : le soprano est la voix supérieure, l'alto et le ténor sont des parties intermédiaires, la basse est la partie inférieure. Dans cet exemple, le ténor est en bleu, la partie d'alto comporte des liaisons entre les blanches.

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    Cette continuité de lecture, voix par voix, est essentielle car la plupart des règles y fait référence.
Il faut donc prendre l'habitude de bien combiner deux types de lecture : la lecture verticale de bas en haut des accords, et la lecture horizontale et mélodique de chaque voix prise isolément.

Ce qu'il faut dès à présent mettre en avant est ceci :

dans l'harmonie, la mélodie la plus aiguë (le chant, le soprano, la partie supérieure - termes synonymes) est soutenue par la partie de basse.

Une approche de pianiste qui consiste à jouer la mélodie à la main droite et à placer des accords en paquets à la main gauche... et à se contenter de ce dispositif, passe à côté du fonctionnement réel de l'harmonie classique, car il néglige de veiller au rôle de la basse.
La pratique de l'harmonie s'appuie premièrement sur la fonction de la basse, et ajoute ensuite les sons complémentaires (les voix intermédiaires) pour compléter des accords : cette façon de procéder conduit à noter généralement deux voix dans la portée en clé de sol, et deux voix dans celle avec la clé de fa, comme dans cet exemple. On peut aussi placer trois voix en clé de sol, et la basse seule en clé de fa.
On trouvera parfois des pièces pour piano des plus grands compositeurs rédigées avec l'accompagnement confié à la main gauche, et la mélodie toute seule à la main droite. Mais c'est un cas particulier qu'il ne faut pas prendre pour modèle en travaillant les exercices d'harmonie.

Dans les exercices d'harmonie, aussi bien que lorsqu'on écrit pour un choeur, il faut respecter des limites pour chacune des voix. Si on écrit pour piano, pour guitare ou d'autres instruments, les tessitures seront forcément différentes et on se documentera sur les limites exactes. Dans notre cas, on veillera à rester dans un cadre comme celui-ci :

Tessitures

*  *  *

Pour qu'une harmonisation sonne avec plénitude, il faut qu'il y ait quatre notes simultanées. On peut aussi se contenter de trois notes, ce qui donne plus de légèreté mais exige plus de soin dans les mélodies des trois parties.

Règle : avec des accords à trois sons, pour écrire un accord à quatre voix, on redouble par ordre de préférence :
la FONDAMENTALE, ensuite la QUINTE puis la TIERCE si on ne peut pas faire autrement. 
Dans l'accord du Ve degré (accord de dominante), la tierce est la note sensible, on ne la redoublera jamais.

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1. : accord du Ier degré de Do majeur, à l'état fondamental. La fondamentale est redoublée.
2. : accord du Ier degré, en premier renversement. La quinte est redoublée.
3. : accord du VIe degré, à l'état fondamental. La tierce est redoublée.
4. : accord du VIe degré, en second renversement. La fondamentale est redoublée.
5. : accord du Ve degré, à l'état fondamental. La fondamentale est redoublée.
6. : accord du Ve degré, à l'état fondamental. La tierce (SI) est redoublée : cette disposition n'est pas correcte.

 Règle : en cas de besoin, et en particulier à trois voix, on peut être amené à supprimer un son de l'accord.
On supprimera de préférence la QUINTE. Dans l'accord final d'une phrase (Ier degré), il est possible de faire converger toutes les voix sur la note fondamentale : on supprime la tierce et la quinte.
Mis à part un effet recherché dans un style archaïque, on évite de supprimer la tierce d'un accord, la sonorité de la quinte seule étant généralement très rude.

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1. : accord complet
2. : accord incomplet : la quinte (LA) a été omise. C'est la fondamentale qui est le plus fréquemment doublée dans ce cas.
3. : accord incomplet, sans la tierce (LA). La sonorité est fade et lourde. À éviter.
4. : accord complet
5. : accord réduit à la seule note fondamentale. Situation admissible puisque c'est l'accord conclusif.

 

 Règle : lorsque deux accords différents s'enchainent, on ne doit pas écrire deux quintes consécutives entre les mêmes voix, à cause de l'effet rude et maladroit qui en résulte.

Cette règle s'applique dans le style tonal consonant, comportant surtout des accords à trois sons. Tous les compositeurs classiques l'ont respectée car l'effet lourd et médiocre est très audible, et nuit à la progression de l'harmonie.
On appellera "quinte" l'intervalle simple aussi bien que l'intervalle redoublé à l'octave, tel qu'il se présente dans la 3e mesure de cet exemple :

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1. : deux quintes consécutives entre Basse et Ténor : à éviter.
2. : deux quintes consécutives entre Ténor et Alto : à éviter.
3. : deux quintes consécutives entre Basse et Soprano, par mouvement contraire : à éviter. 

Lorsque vous écrivez un accord, il faudra donc vérifier où se trouve la quinte, entre quelles voix elle se produit. Et il faudra veiller ensuite à ne pas placer une nouvelle quinte entre ces mêmes voix dans l'accord suivant. Cette règle s'applique dans le cas d'accords différents. Si un même accord se répète, les notes formant la quinte sont identiques : il n'y a aucune règle interdisant de répéter cette quinte.

Les quintes dont nous parlons sont les quintes justes. La règle traditionnelle de l'harmonie classique autorise d'écrire deux quintes consécutives si la deuxième est une quinte diminuée.

Dans un style tonal moderne, avec des accords riches (à 4 sons et plus), cette interdiction n'est plus nécessaire, et il est fréquent de voir des quintes consécutives entre les voix inférieures :

03-23-1.png 1, 2 & 3 : quintes consécutives entre voix inférieures.  

Il faut toutefois que ce style soit clairement et spécifiquement maîtrisé ; dans nos exercices exploitant les accords à trois et quatre sons dans le style classique, nous veillerons à respecter cette interdiction des quintes consécutives.

C'est le moment de commencer à écrire ! Pour cela le logiciel MuseScore doit être installé : voir la page MuseScore.

Une fois le logiciel installé, vous téléchargerez les exercices sous forme de fichiers .zip .
Décompressez-le avec un logiciel ZIP puis cliquez sur le fichier .mscz : MuseScore s'ouvre et le travail peut commencer.
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Exercice  A 1   (cliquez sur le nom)

Si vous découvrez le logiciel MuseScore, il sera certainement plus facile d'imprimer la page et de travailler "à l'ancienne" avec un crayon et une gomme, puis de recopier. L'effort de prise en main du logiciel risque de vous détourner d'un bon résultat.
                   Selon l'exemple de la mesure 1, complétez à quatre parties les enchainements de deux accords.
                   Chaque mesure est indépendante de la précédente : variez la disposition du premier accord.
 
Respectez les règles concernant le redoublement des sons, ainsi que celles concernant les intervalles consécutifs interdits.

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Corrigé de l'exercice  A 1           Cet exercice vous paraît d'emblée un peu difficile ? Lisez la suite des règles et essayez l'exercice A2, un peu plus facile !

Pour être pleinement profitables, les exercices réalisés demandent évidemment à être examinés et corrigés individuellement par un professeur. La simple comparaison avec le corrigé qui est fourni ici ne renseigne pas vraiment sur la validité de votre version : il se peut que les éventuelles divergences soient dues à des fautes ou des méprises, ...ou bien qu'elles soient totalement valables !

 

Passons à la suite des  règles harmoniques 


Date de dernière mise à jour : dimanche, 30 octobre 2022

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Commentaires

  • Alain
    • 1. Alain Le dimanche, 02 octobre 2022
    En mesure 8, la tierce a été doublée. Or j'avais compris que cela était à éviter. Aurais-je mal compris ?
    • Olivier MIQUEL
      • Olivier MIQUELLe dimanche, 02 octobre 2022
      exercice A1, mes. 8 : la doublure de la tierce n'est pas interdite, c'est une possibilité moins bonne (que doubler la fondamentale) mais qui reste valable lorsque la note en question est la tonique (donc dans le degré VI), ou la dominante (degré III). Le seul cas qui prohibe une doublure de la tierce est le Ve degré, puisque la tierce est la sensible.
  • O.M.
    • 2. O.M. Le mercredi, 20 novembre 2019
    Le ténor est la voix d'homme correspondant au soprano chez les femmes. La tessiture est quasiment la même mais le ténor sonne une octave plus bas. C'est pourquoi il est devenu habituel dans les pièces pour choeur de noter le ténor en clé de sol octaviante (c'est-à-dire qui sonne une octave plus bas que la note écrite, de même que pour la guitare). Voir l'exemple 2.
    Si on joue l'exemple 1 tel quel au piano, la voix en bleu (ténor) est à la bonne hauteur. Mais souvent, à cause du timbre brillant, on a l'impression que c'est beaucoup plus aigu !
  • Juvin
    • 3. Juvin Le vendredi, 18 octobre 2019
    Bonjour,
    Une question m'a toujours taraudé l'esprit ; à quelle hauteur le ténor chante-t-il réellement ? Dans l'écriture, il est clair qu'il le plus souvent au dessous de l'alto. Dans l'exécution, cela est-il vraiment respecté ?
    Un cas pratique : dans le premier exemple tout en haut de cette page, le ténor en bleu ; la première note du ténor (do), moi je vais la faire exécuter au dessus de l'alto, immédiatement sous le soprano. Ai-je raison de procéder ainsi ? Merci d'avance
  • Annick
    • 4. Annick Le samedi, 27 octobre 2018
    Bonjour,

    Veuillez simplement recevoir ma gratitude pour l'ensemble du travail que vous proposez ici. Plus j'avance dans ce cours et plus j'en découvre la richesse et la pertinence. J'achèterai avec plaisir vos ouvrages dès que possible. Respectueusement, A.P.
  • joe Pinto Gomes
    Bonjour
    Permettez moi d'abord de vous remercier pour ce travail remarquable que vous avez mené.
    Alors moi j'ai un souci : on nous dit tout qu'un accord est formé d'une tonique, d'une tierce et d'une quinte, mais je viens de rencontrer pour la première fois un accord incomplet dans un choral intitulé "DIEU NOUS INVITE A L'AVENTURE EN REmin" de L. BOURGEOIS(1544) harmonisé par JACQUES BERTHIER.
    Voici la manière dont il a procédé a la fin du chant/
    Avant dernière mesure en 2/4 avec 2 noires : Au soprano les notes Re Mi et la dernier note cad la fin il met un Re
    -Chez les altos tjrs avant dernière Mesure il met Mi Dodiese à la fin RE
    - chez les ténors: LA LA et à la fin il maintient le La
    -Chez les Basses LA LA à une octave par rapport au ténor et la fin la note monte au RE
    Donc ce qui donnera sop RE; alti RE, ténors LA et Basse RE
    Pour conclure nous avons RE LA RE RE

    Ma question est de savoir si cela est permis, si oui dans quel cas ?

    Alors je profite de cette occasion pour saluer tous ces participants. Merci
  • Khan
    • 6. Khan Le mercredi, 19 juillet 2017
    Bonjour,

    Merci pour ces explications, qui sont plus claires. Je voudrais juste savoir, concernant la règle "pas de quintes consécutives entre 2 même voix". Et si on a des quintes consécutives mais pas sur les mêmes voix? Exemple ténor+alto+soprano:
    Image
    entre ténor et soprano on passe d'une quinte à une septième mais l'alto prend la quinte du soprano à la place. Donc l'oreille entend toujours une succession de 2 quintes. Est-ce autorisé? Merci d'avance.
    • Olivier MIQUEL
      • Olivier MIQUELLe jeudi, 20 juillet 2017
      La règle interdit d'écrire deux quintes de suite entre deux mêmes voix ; cela se rapporte à la continuité mélodique, afin d'éviter le parallélisme. Heureusement, il n'y a pas d'autre règle : en particulier quand deux quintes se produisent entre des voix différentes (comme l'exemple), il n'y a aucune restriction. D'ailleurs, si ce n'était pas le cas, il deviendrait impossible d'écrire deux accords de suite.... !
  • emmanuel
    • 7. emmanuel Le jeudi, 17 novembre 2016
    salut a vous et a tous les theoriciens de la musique
    la logique harmoniqe interdit les mouvements paralleles des quatres voix dans un quatior. mais certains compositeurs ne la respectent pas (exple: Jean le Baptiste)... et dans une de mes compositions musicales cela s'impose et l'effet est tres tres agreable selon mes oreilles et celles de mon entourage.
    que faire? me fier à la logique ou preferer ce qui rend mon chant plus mien et qui rend de la gaieté a mes fans?
  • Raphael
    • 8. Raphael Le jeudi, 13 mars 2014
    Bonjour,

    D'abord, je tiens à vous remercier pour votre site super bien fourni.
    Je recherche toutefois une explication depuis longtemps.
    Pourquoi l'accord de dominante comprend-il une 7e mineure? Y a-t-il un rapport avec les notes de la gamme?
    Dans la gamme de La majeur, la 7e devrait être le sol#, pourquoi le sol sonne-t-il mieux? Quelle règle harmonique explique-t-elle cette situation? Si elle existe?

    Merci bcp pour tout
    • Olivier MIQUEL
      • Olivier MIQUELLe jeudi, 13 mars 2014
      Un accord appartient à une gamme, et prend les sons de celle-ci : bâtir un accord sur la dominante (Ve degré) conduit obligatoirement à avoir une 7e mineure. Voir la page "7e de dominante" dans le niveau 4.

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