choix du renversement

 niveau 2

Tout accord à trois sons connait trois états :
l'état fondamental, le premier renversement et le second renversement.

Il ne faut pas employer l'un pour l'autre ces trois états, ils ont chacun un usage qu'il convient d'utiliser à bon escient. 

L'état fondamental est stable et robuste : on peut l'utiliser sans restriction. Mais une harmonisation qui n'a que des états fondamentaux sonne fruste et peu élégante, car la basse se trouve disjointe le plus souvent. Son rôle est fonctionnel, mais peu mélodieux. Voici un fragment où tous les accords sont à l'état fondamental, vous remarquerez à l'audition que la basse suit un chemin tortueux :

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    L'exemple audio fait entendre la basse seule, puis l'harmonisation. Ce style s'apparente à la musique du début du 17e siècle.

Le premier renversement est doux et agréable, mais il est beaucoup moins affirmatif que l'état fondamental. On ne peut avoir d'harmonisation utilisant exclusivement cet état, la basse semblerait incohérente. Par contre, l'usage du premier renversement intercalé parmi des états fondamentaux donne beaucoup de souplesse et un caractère chantant à la basse. C'est donc la meilleure formule que de rechercher à alterner état fondamentaux et premiers renversements. Sans que ce soit une règle stricte, on peut affirmer que la note de basse portant un accord de sixte (= 1er renversement) doit être conjointe avec la note qui précède ou bien la note qui suit ; une basse entièrement disjointe ne porte quasiment jamais d'accord de sixte.

Voici la même mélodie, mais avec une basse différente, incluant des premiers renversements :

                                                        ex.2

    L'exemple audio fait entendre la basse seule, puis l'harmonisation

Le phrasé de la basse est plus expressif, l'effet global plus élégant sans que le caractère en soit radicalement modifié.

Le second renversement est assorti d'obligations : la préparation et la résolution. Sa sonorité est tendue et appuyée.
Cet état ne s'emploie que très peu, comparativement avec l'état fondamental et le premier renversement. Il y a trois cas dans lesquels l'usage de l'accord de quarte et sixte est justifié :

1- la préparation de cadence. Dans la succession d'accord conduisant à une cadence, nous avons vu que le Ier degré (quarte et sixte) trouvait un emploi très fréquent sous cet état.

2- en accord de passage. Lorsqu'une suite de trois notes conjointes à la basse se produit, mouvement ascendant aussi bien que descendant, la 2e note peut porter un second renversement. Cette formule n'est pas très fréquente, elle peut concerner les degrés I, IV, V etc. car la préparation et la résolution sont généralement aisées.

3- sur une basse immobile. Lorsque la basse tient une note longue, on peut changer d'accord en utilisant le 2e renversement : c'est la basse qui assure préparation et résolution. Ce cas se trouve fréquemment dans la cadence plagale.

    Voici des exemples de ces trois usages :

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 2 : quarte et sixte de passage      1 : quarte et sixte de cadence     3 : quarte et sixte de broderie 

Si, au cours d'une harmonisation, on était tenté d'écrire un second renversement alors qu'il ne trouverait pas de justification selon ses trois circonstances, il y a de fortes chances pour que le résultat soit médiocre : il faudra renoncer et trouver une autre note de basse.

Résumé : l'état fondamental d'un accord trouve toujours un usage convenable, le 1er renversement intervient pour donner une basse plus conjointe.
Le 2nd renversement ne s'emploie que dans des situations typiques, en dehors desquelles il vaut mieux s'en passer.

 

Exercice B 3

Quelques fragments mélodiques à harmoniser en mode majeur.

corrigé de l'exercice B 3

Exercice  B 4

Quelques fragments mélodiques à harmoniser en mode mineur.

corrigé de l'exercice B 4

 

Faisons un petit tour d'horizon des  maladresses à éviter 


 

Date de dernière mise à jour : jeudi, 23 janvier 2020

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Commentaires

  • O-M
    • 1. O-M Le dimanche, 12 avril 2015
    Le terme "Quarte et Sixte de broderie" est consacré par l'usage. Il ne s'agit pas d'une broderie au sens strict mais d'un mouvement de 3 accords qui imite une broderie (I-IV-I).
    De même, la "Quarte et Sixte de passage" n'est pas une vraie note de passage, mais ressemble au mouvement conjoint continu.
    Quant à la quarte et sixte de cadence, elle est souvent comparée à une appoggiature.
  • ribaud
    • 2. ribaud Le samedi, 11 avril 2015
    dans le dernier exemple vous parlez de broderie or cela ne semble pas le cas, sur aucune des voix (cas n°3) ou alors broderie au sens large avec notes non conjointes

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