la septième diminuée

niveau 5

Voici un accord bien à part : l'accord de septième diminuée. 
Il ne fait pas partie des accords de septième d'espèces, et son emploi est particulier car il s'apparente à un accord de dominante.

Bâti sur le VIIe degré du mode mineur, il superpose une tierce mineure, une quinte diminuée et une septième diminuée :

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Son chiffrage à l'état fondamental est un 7 barré. On constate que cet empilement de tierces mineures n'a de renversement que dans l'écriture puisque, à l'audition, la seconde augmentée (Fa-Sol #) équivaut à une tierce mineure et cela donne l'impression qu'il n'y a ni début ni fin à un arpège constitué à partir de cet accord.

La résolution naturelle de cet accord provient de la fonction des sons rapportés à la dominante (ici, MI, dominante en La mineur) :

    - le SOL dièse est la note sensible, sa résolution naturelle est de monter au La.
    - le RÉ est la septième dans l'accord de dominante, sa résolution naturelle est de descendre au Do.
    - le FA est la neuvième dans l'accord de dominante, sa résolution naturelle est de descendre au Mi.

On peut donc le considérer comme un accord de neuvième de dominante, privé de sa note fondamentale. C'est pourquoi son principal usage sera de proposer une intéressante substitution, là où un accord de Ve degré serait employé.

Il est très habituel, bien qu'il appartienne au mode mineur, que l'accord de septième diminuée soit utilisé en mode majeur, tel un emprunt.

L'engouement pour cet accord à l'époque romantique vient de sa sonorité emphatique et dramatique qui, jointe à sa facilité d'usage en remplacement de l'accord de dominante traditionnel, l'autorise à figurer dans tous les styles d'écriture. On ajoutera également le fait qu'il autorise les équivoques tonales à cause de sa structure qui privilégie l'emploi par enharmonie.

En effet, il n'existe en tout et pour tout que trois accords de septième diminuée qui se différencieront à l'audition : 19 03 1 1chacun comporte quatre notes différentes et celles-ci n'appartiennent qu'à lui seul. Les 12 notes de la gamme chromatique génèrent donc 3 accords seulement. 

Mais leur notation diffère selon qu'il s'analysent comme le VIIe degré d'un ton ou bien d'un autre, comme par exemple :

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Le premier accord appartient à LA mineur, si on remplace le Sol dièse par un La bémol, la modulation vers DO mineur devient aisée (ou DO majeur, par changement de mode). Le Si est la sensible, le Fa et le La bémol devront se résoudre en descendant par degré conjoint. Il en ira de même pour moduler vers MI bémol mineur (ou Majeur) et FA dièse mineur...

Quelques exemples :    

 19 04 1 1

Les accords de septième diminuée sont colorés : vous constaterez que c'est le même accord qui, par enharmonie, va permettre d'entrer dans des tonalités éloignées.

les règles

Bien que son flou tonal représente un attrait indéniable, il convient néanmoins d'être au clair avec l'usage et la notation des points suivants dès qu'on utilise l'accord de septième diminuée :

L'orthographe. La négligence dans l'usage de l'enharmonie sera le signe d'une notation "d'amateur".
Dans l'exemple ci-dessus, l'accord se rapporte à la tonalité dont il fait partie : en LA mineur, il se note avec un SOL dièse, tandis que la modulation vers DO mineur entraîne la notation du LA bémol (et non du SOL dièse). Plus loin, le DO bémol indique l'entrée dans le ton de MI bémol majeur (à cause du changement de mode sous-entendu mineur>majeur). Si on voulait analyser cet accord du 4e temps comme appartenant encore à DO mineur, il faudrait modifier le DO bémol en SI naturel. Cette orthographe serait valide également.

Les renversements. Puisque cet accord est identique quelque soit sa position, les renversements ne sont qu'une question d'écriture et non de sonorité.
On pourra donc utiliser la note de basse que l'on souhaitera. Mais si on se souvient des fonctions respectives de chacune des notes et donc de leur résolution naturelle (sensible, septième, neuvième), cela conduit à choisir la note de basse la plus adéquate compte tenu de sa résolution, selon la progression mélodique de la basse.

Les quintes consécutives. Une rédaction soigneuse des résolutions des voix conduit parfois à écrire des quintes consécutives dont la 2e est juste
Cela est admis comme un mal nécessaire, mais les meilleurs auteurs arrangent rythmiquement la polyphonie pour que cette 2e quinte ne soit pas en évidence. L'usage d'appoggiatures ou de retards (voir pages suivantes) pourra y remédier.

Les principaux dangers de cet accord sont l'abus et l'usage hors de propos.
Dans un style joyeux et léger, son irruption sera incongrue à moins qu'elle ne soit significative d'une modification de l'ambiance musicale. Dans un style "classique", il survient seulement si une touche de pathos doit colorer la phrase. Dans un style plus moderne, il peut paraître désuet, ridicule et lourd.

 

Exercice E 7

Harmoniser une mélodie en exploitant les accords de septième diminuée.

Fichier du corrigé E 7

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Date de dernière mise à jour : vendredi, 17 avril 2020

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